Le Chat

ROMAIN : Vous ramenez pas un chat mort dans l’établissement.

MYRIAM : Il est pas mort !

SAÏDA : Romain, elle l’étouffait de croquettes, c’est n’importe quoi.

MYRIAM : Ferme ta gueule Saïda, il était en train de mourir, je viens de le sauver.

SAÏDA : Si quelqu’un est en train de mourir, tu lui tends pas un tacos, t’appelles un docteur !

Un chat a été retrouvé devant le collège. Il est mal en point. Une élève tente de le secourir. Une autre intervient : elle pense mieux s’y prendre. Premier désaccord, premiers heurts. En parallèle nous suivons Louna, en conflit avec ses amies et que l’équipe pédagogique tente d’aider. Les deux récits vont se mêler, et s’ensuivront une cascade de réactions qui déclencheront animosité, violence et incompréhensions. Tout cela alors qu’avant tout, ce sont juste « des gens qui veulent sauver un chat ». L’histoire progresse comme une enquête. La scène, le collège, est une arène où s’affrontent plusieurs interprétations des faits et des ressentis. Les trois comédiens au plateau jouent l’ensemble des protagonistes, chacun défendant son point de vue, ses propres actions et sa morale…

Au travers de cette anecdote, Le Chat traite du harcèlement, de l’humiliation et de la stigmatisation de certains élèves au regard des autres, collégien·nes, personnel de l’Éducation Nationale, familles. La pièce décrit l’impuissance parfois notoire du monde adulte à aider ces très jeunes gens, malgré de nouvelles méthodes, comme celle de la préoccupation partagée, et l’ambivalence des réseaux sociaux : tantôt d’un grand secours, et tantôt plongeant leurs usagers dans la violence et l’isolement.

François Hien et Yann Lheureux, complices artistiques depuis quelques temps, ont choisi de travailler ensemble sur ce sujet difficile. Afin de coller à la réalité, le texte a été élaboré à partir des témoignages et histoires racontées par des élèves de quatrième de Vaulx-en-Velin. La pièce a été répétée et mise en scène au sein d’un collège, là encore avec l’appui des élèves.

Le Chat dépeint ainsi la vie d’un établissement scolaire sur un moment donné, à travers une fable, en rendant hommage à la volonté de chacun·e de faire en sorte que nous puissions vivre ensemble, en dépassant les conflits, les incompréhensions et la violence.

Un petit bijou hyperréaliste. Tout y est, le langage parfois cru des ados, propre aux différents lieux et situations, et les références aux codes des adultes entre eux. Le ton est juste, et pour cause, c’est du vécu. Le Progrès