Comme chez toi

Arthur vient réaliser une opération à cœur ouvert loin de son domicile. Mis en relation par une association d’aide aux malades, une inconnue, Anouck, l’héberge. Ils vont devoir partager un espace, un temps donné qui va se révéler être plus long que prévu. Ils n’ont pas la même façon de vivre, de penser le monde, de voter. Ils n’ont ni goûts, ni points communs. Rien apparemment ne les lie. Rien chez l’un et l’autre ne trouve de point d’accroche. Ils ne se comprennent pas. Ça arrive. Ce n’est pas un drame.

En parallèle de cette histoire de cohabitation malheureuse, une autre se joue, avec les mêmes protagonistes : celle qui met en jeu leur intériorité. Aux discussions quotidiennes, aux banalités échangées qui se frottent et s’agacent, viennent se mêler les pensées souterraines des personnages qui dévoilent peu à peu qu’ils ont un tout autre point de vue.

Les spectateurs assistent à ces deux récits qui se déroulent en même temps. Ils ont ce pouvoir d’entendre les secrets des deux personnages qui les prennent à partie en les regardant droit dans les yeux, telle Phoebe Waller-Bridge dans sa série Fleabag.

Comme chez toi est une forme qui se joue chez l’habitant. Les spectateurs seront répartis dans le séjour, à l’endroit même où se joue la pièce, comme s’ils regardaient par le trou de la serrure. L’écriture se fera en pensant aux bruits du quotidien, à la vaisselle qui s’entrechoque, aux portes qui sont mal fermées et qui laissent s’échapper un secret, à la voix qu’on entend à l’étage sans que le corps ne soit présent. Participer à cette pièce, c’est profiter de cette extraordinaire proximité spatiale qui nous tient généralement à distance de l’intimité d’un foyer.